La coalition majeure de l’opposition, Yewwi Askan Wi, traverse une période difficile. Cette plateforme a été fondée par deux partis politiques, dont l’existence en son sein est désormais révolue : le Pastef d’Ousmane Sonko, qui était un pilier majeur, a été dissous, tandis que Taxawu de Khalifa Sall a été exclu par les autres leaders, en grande partie en raison de divergences fondamentales. Cependant, sans la présence d’Ousmane Sonko et de Khalifa Sall, la survie de Yewwi s’annonce compliquée.
Cela s’avère d’autant plus véridique étant donné que la majorité de ses dirigeants, qui sont au nombre d’une quinzaine, envisagent sérieusement de se présenter à l’élection présidentielle, la plupart ayant déjà annoncé leur candidature, à quelques exceptions près. En fait, ils avaient déjà envisagé et discuté en amont de cette multiplicité de candidatures à la présidentielle, mais ils n’avaient pas anticipé ce désaccord entre Taxawu et eux. Il est évident que si les aspirations individuelles sont légitimes, il reste néanmoins vrai que, en cas de second tour, Yewwi pourrait jouer à nouveau le rôle de médiateur en faveur de l’unité autour du candidat qui serait en position favorable.
Malheureusement, cette opportunité a été compromise par les désaccords avec Taxawu. Alors que le Pastef ne peut pas présenter officiellement de candidat, la candidature de Khalifa Sall aurait pu, plus que toute autre, offrir à cette opposition une occasion de se rapprocher du Palais présidentiel et potentiellement de résoudre ses défis.
En somme, suite à l’exclusion de Taxawu, il devient impératif de considérer qui, parmi les partis ou mouvements politiques restants, sera en mesure d’incarner les valeurs et les aspirations autrefois portées par le Parti Pastef.
Et prendre cette décision ne sera pas une tâche aisée. En outre, la réponse plutôt timide de Yewwi face à l’incarcération de Sonko et à la dissolution de son parti risque de compliquer davantage les choses. Les partisans de Sonko pourraient bien réévaluer leur perspective concernant leurs alliés et opter pour un boycott de l’élection présidentielle si leur dirigeant n’est pas en lice. Une situation qui n’est pas sans rappeler l’expérience déjà vécue par le Pds.